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Le Monument aux Morts à Avallon (89)

Département : Yonne
Arrondissement : Avallon
Canton : Avallon
GPS : 47.4902 N / 3.9096 E
Rubrique : Commémoratif - Mémoire de guerre
Code postal : 89200
Date de dépôt : 22/12/2011

Erigé en 1920, ce monument, œuvre de Pierre Vigoureux, sculpteur avallonnais réputé, représente deux soldats. Nulle attitude guerrière dans cette sculpture souvent caractérisée comme humaniste ou pacifiste.
Le soldat debout, "surgi de la boue hivernale" des tranchées, "à la silhouette de berger au milieu d’un troupeau de morts", porte "le long cache-nez que tricotaient les petites filles. Ses mains pendent, énormes dans des moufles …A ses pieds, un autre Poilu gît … Tous deux se dressaient tout à l’heure et maintenant l’un d’entre eux est fauché. Pourquoi lui ? Pourquoi ce coup ? Quand l’autre aura-t-il son tour ? Il y a peut-être du rêve dans cette figure immobile, il y a peut-être cette terrible question".
Derrière eux, s’élève "un portique de pierre formé de quatre colonnes rectangulaires qui porte une simple pierre en linteau. On lit sur cette pierre deux dates et une inscription". Les quatre colonnes portent les noms des trois cents Avallonnais morts pour la France pendant la Première Guerre Mondiale. Plus tard ont été rajoutés les noms des victimes de la Deuxième Guerre Mondiale : soldats, déportés, civils, STO ainsi que ceux de la Guerre d’Indochine.
"Et derrière, il y a les arbres, la promenade des Capucins … Elle a reculé pour leur faire place, elle leur a cédé un bout de terrain près de la rue, près du peuple qui passe afin qu’il voie et se souvienne, près de l’église Saint Martin dont le portail modeste répond heureusement à cet ensemble."
La querelle fut vive quant au choix de l’emplacement : le cimetière, un jardinet, un coin retiré proche de l’entrée de la ville ? Les opposants à l’emplacement finalement retenu dénonçaient la défiguration de la promenade des Capucins et un abattage de tilleuls. De plus, selon eux, cette place où se tenaient les fêtes foraines n’offrait pas "un décor rêvé, noble et sévère, imposant".
L’inauguration donna lieu à une autre polémique concernant les invités d’honneur, le programme et la présidence de la manifestation. Ces polémiques alimentèrent au moins une bonne vingtaine d’articles dans le journal local, la "Revue de l’Yonne" dont sont extraits les passages entre guillemets.
Pierre Vigoureux (Avallon 1884 - Nogent sur Marne 1965), élève de Georges Loiseau-Bailly, réalise à partir de 1919 plusieurs monuments aux morts. Celui d’Avallon est le plus caractéristique. Durant la même période, il sculpte également des œuvres religieuses dont une dizaine de "Jeanne d’Arc". A partir de 1934, il adopte un format plus petit sur des thèmes variés : figures de la vie parisienne, scènes de rues et travaux des champs, petits métiers des campagnes. Il fut également directeur de l’École Nationale des Beaux-Arts de Dijon de 1935 à 1942 et commissaire régional à l’Exposition Internationale de Paris en 1937.
Numéro du petit patrimoine : 89025_5